28/04/2007
Love story
Je me souviens que la nuit était belle.
Je me souviens qu'il sentait bon, qu'il m'embrassait dans le cou et que je me suis retrouvée le nez dans l'échancrure de sa chemise. Elle était si blanche qu'elle en paraissait phosphorescente.
Je me souviens que nous avons dansé, qu'il me serrait fort et que je me laissais faire.
J'ai plongé mon regard dans ses grands yeux noirs et je lui ai demandé son âge. "26 ans", m'a-t-il dit. Je me souviens que ça m'a fait peur, mais qu'il m'a pris par la main et que je l'ai suivi. Sandra, qui avait organisé ce soir-là une fête pour mes 41 et ans, me répétait : "Mais vas-y, tu serais folle, il est trop beau, t'es libre..."
Je me souviens du dîner, des tellines, du loup au fenouil et de la glace à la vanille.
Je me souviens que les étoiles filantes tombaient dans la mer.
Je me souviens que lorsque nous avons fait l'amour, sur la plage, mon corps faisait un creux dans le sable.
Et puis je me souviens du matin où il a débarqué à la maison et qu'aussitôt nous avons refait l'amour.
Je me souviens que mes enfants étaient à l'école, qu'il est resté le soir parce que je le voulais, et qu'il a mangé une quiche.
Je me souviens que quand il est parti, j'ai pleuré en pensant que c'était une histoire sans lendemain.
Qu'il est revenu, qu'il a emmené mon fils à un match de foot car il était footballeur, presque professionnel, et que mon ex-mari trouvait que j'avais de drôles de fréquentations.
Je me souviens quand il s'est installé chez nous, que les voisins le regardaient de travers et qu'ensuite ils se sont mis à l'adorer.
Je me souviens qu'au collège où je suis prof, on me disait qu'il me quitterait dans six mois et qu'on ne se met pas en ménage avec un footballeur de quinze ans de moins qui n'arrive pas à trouver de club. Je me souviens que ça me faisait flipper.
Je me souviens que Sandra m'a toujours soutenue, qu'elle me disait "Prends la vie comme elle vient. Et même s'il s'en va un jour, tu en auras profité"
Je me souviens qu'avec son accent impossible de yougoslave, il me racontait les exploits de Vladic Halilhodzic et de tout un tas de joueurs de son pays.
Je me souviens que je lui ai donné des cours de français et qu'après, c'est lui qui a fait travailler mon fils. Il lui disait "Si t'apprends pas ta récitation, tu seras privé de foot".
Je me souviens que nous sommes retournés sur cette plage de Camargue à chacun de mes anniversaires et qu'il disait toujours "Tu te souviens..."
Je me souviens avoir compté chaque année les millions d'étoiles du ciel pour voir s'il n'en manquait aucune. je me souviens qu'elles se reflétaient dans ses yeux quand il me regardait.
Je me souviens de notre coup de foudre et aussi de tous les orages que nous avons traversé.
Je me souviens qu'il voulait un enfant, que je me suis laissé faire et que je ne le regrette pas.
Ca fait vingt cinq ans que je m'en souviens. Il a toujours quinze ans de moins que moi mais il dit qu'il m'aime quinze fois plus qu'au premier jour.
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