14/12/2008
Liban : Démons et merveilles
Dimanche matin, vallée de la Kadisha, dans le nord du pays. Une chrétienne maronite, drapée de noir, entre dans une grotte où des chaînes pendent d'un portrait de Saint-Antoine. Elle les frotte contre ses jambes car elles sont censées la guérir miraculeusement. A côté, dans l'église rupestre du couvent Saint-Antoine-de-Qozaïya, les fidèles entonnent la messe en arabe. A la fin de l'office, un jeune homme saute sur la corde ; il décolle avec elle tandis que le tintement des cloches se propage dans la gorge verdoyante. Un air de paradis... Plus haut dans la vallée, Bcharré est la ville natale de Khalil Gilbran. L'auteur du prophète y repose dans un ancien monastère excavé dans la roche. Un lieu de toute beauté au-dessus duquel s'élève un monstre de béton qui, un jour, sera un jour un hôpital. Le Liban, riche de huit mille ans d'histoire, oscille entre le merveilleux et urbanisation qui fait douter du bon sens de l'humanité. Car ici, le drame engendré par les années de guerre réside plus dans le bétonnage anarchique que dans les destructions. On oublie ces tours dès que l'on pénètre dans le souk des tailleurs de Tripoli. Le bruit s'estompe,les voûtes offrent une ombre bienveillante. Des chapelets de savons colorient l'ancien caravansérail. Les senteurs de musc et d'ambre parfument le souk aux épices paré du mauve et rose des fleurs séchées.
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