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11/02/2008

Soirée thématique sur Arte : Regards croisés sur le Liban

488f3cb6365adca1db56417abdaeb708.jpgUne plongée chez les chrétiens, une autre chez les chiites : la soirée "Thema" proposée par Arte sur le Liban est un double regard porté par des cinéastes libanais sur leur propre communauté. C'est ça le Liban : une histoire maronite, de la jeune Eliane Raheb, et Le Sud, une histoire chiite, de Nizar Hassan, forment un diptyque étonnant, tant ils se répondent à la fois sur le plan formel et sur le contenu.

Sur la forme, chacun fonctionne par bribes : à l'instar de ce pays mosaïque, de ces communautés éclatées, les images sautent d'un personnage ou d'un détail visuel à un autre, d'un paysage à une ruine. Omniprésence des posters de Saad Hariri, le fils de Rafic Hariri, premier ministre assassiné en 2005, dans les quartiers chrétiens. Ribambelle de portraits de dirigeants du Hezbollah, dans les rues chiites. Processions à la Vierge Marie d'un côté. Rituel d'Achoura, avec ses transes viriles et ses séances d'autoflagellation de l'autre. Cigarette fédératrice sur les lèvres des dames d'âge mûr, qu'elles soient blondes décolorées ou coiffées d'un large foulard.

VARIATIONS INFINIES

L'un comme l'autre, les deux réalisateurs interrogent leur milieu. Et l'on découvre la profondeur des divisions internes. Les chrétiens de l'Eglise maronite - Eglise patriarcale catholique -, qui se reconnaissent plutôt dans le courant du général Aoun, haïssent les chrétiens des Forces libanaises (FL) de Samir Geagea, coupable de crimes de guerre, mais toujours actif en politique. "Les FL ont tué mon oncle pendant la guerre", confie une jeune fille. Et d'ajouter : "Ces types mettent une image de la Vierge sur leur fusil et ils partent tuer, alors que mon oncle, profondément croyant, portait son crucifix discrètement sous sa chemise."

Comme en écho, une journaliste chiite affirme détester les cérémonies d'Achoura, "rituel barbare et primitif". Ici aussi, les failles sont profondes. Entre communistes, laïques, anciens membres des milices Amal (chiites), combattants du Hezbollah, enfants de couples mixtes, etc., les variations semblent infinies. Tantôt graves - un ancien militant reconnaît avoir tué un Palestinien de 15 ans -, tantôt blagueuses - "J'ai monté un centre d'archives sur la guerre civile, mais je m'intéresse aussi à l'apparition du maillot de bain chez les Beyrouthines", témoigne un artiste chiite.

De chaque côté, une partie des jeunes voudraient échapper à leur appartenance communautaire et vivre dans un Liban débarrassé des divisions confessionnelles. Un rêve fragile.

(Mezze TV)

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